Comment persévérer après un refus de subvention : les clés pour ne pas abandonner !
Obtenir une subvention peut être difficile. C’est un processus très complexe, on peut même dire que c’est un concours où il faut être le plus près possible des critères d’éligibilité.
Il est courant de ne pas obtenir de subvention lors de la première tentative. Parfois, cela peut même faire partie du processus des financeurs qui « ne donnent pas de subvention lors de la première demande. »
Il est donc important de ne pas se décourager et de persévérer.
Cependant, avant de retenter sa chance, il peut être utile de vérifier que l’on ne perd pas son temps et de réfléchir sur ce qui a pu poser problème lors de la première demande de subvention.
Dans cet article, je vais vous expliquer :
- Quelle méthode appliquer pour retenter sa chance en déposant une nouvelle demande de subvention ?
- Comment trouver le juste équilibre entre "ne pas s'acharner" et "ne pas renoncer" ?
1. Poser un regard critique sur son dossier de demande de subvention
Il me semble important de prendre du recul et d’essayer d’avoir un regard critique sur son dossier de subvention.
Voici comment je réalise un regard critique sur mes dossiers :
- Je prends un papier et je réponds à la question « pourquoi mon dossier n’a pas été retenu ? »
- J’énumère toutes les raisons qui pourraient expliquer pourquoi mon dossier n’a pas été retenu. Cela nécessite de s’éloigner un peu de son propre dossier et de le relire avec un regard frais et objectif.
Pour effectuer cette évaluation critique, je m’interroge concernant 5 aspects du dossier :
1. L’objectif du dossier était il clairement défini ?
Lorsque vous présentez un projet dans le cadre d’une demande de subvention, il doit avoir un ou plusieurs objectifs très clairs et, si possible, très concrets.
Quel était l’objectif de votre projet ?
L’avez-vous expliqué clairement dans votre dossier ?
Est-ce que chaque paragraphe du dossier contribue à démontrer comment vous allez atteindre cet objectif ?
2. Est-ce que mon dossier était rédigé de manière cohérente ?
Les informations et les arguments doivent s’harmoniser pour que le dossier soit logique et convaincant.
Avec du recul, est-ce que chaque partie de votre dossier est cohérente avec le reste ?
Est-ce qu’on lit facilement la manière dont vous avez organisé vos idées ?
Quelqu’un qui ne connaît pas votre projet peut-il le comprendre et le résumer facilement suite à la lecture de votre dossier ? (Vous pouvez même faire le test en donnant votre dossier à lire à quelqu’un qui ne connaît pas votre projet)
3. Est-ce que j’ai apporté la preuve que mon projet était fiable ?
Il ne suffit pas d’écrire « mon projet est le meilleur » ou « mon projet est fiable » pour que votre lecteur vous croie. Lorsque vous argumentez, il faut apporter les preuves de ce que vous démontrez.
Assurez-vous que vous avez bien présenté des preuves que votre projet est pertinent et fiable ?
Par exemple, si vous voulez démontrer que vous avez les compétences pour gérer un budget, avez-vous indiqué vos expériences passées ?
Si vous voulez démontrer que votre spectacle est apprécié : est-ce que avez-vous recueilli des témoignages de professionnels et/ou de spectateurs ?
4. Est-ce que mon dossier comportait des faiblesses ?
Avoir conscience des faiblesses de votre dossier va vous permettre de les transformer en points forts.
Quels sont vos points faibles en tant que porteurs de projets ?
Quels sont les points faibles de votre projet ?
Quels sont les points faibles de votre dossier ?
5. Est-ce que la présentation de mon projet était suffisamment concrète ?
Avez-vous répondu à toutes les questions concrètes que se pose votre interlocuteur.
Votre lecteur se demande « que va-t-il se passer ? » « Où le projet va avoir lieu ? » « Quand va-t-il avoir lieu et avec qui ? » « Comment le projet va-t-il s’organiser ? Comment allez-vous toucher des publics ? » « Pourquoi est-il pertinent de développer ce projet ? »
Ainsi, une astuce pour présenter votre projet de manière concrète est de répondre à l’ensemble de ces questions selon la méthode QQOQCP : Quoi, Qui, Où, Quand, Comment, Combien, Pourquoi.
Evaluez si votre dossier répond à ses questions.
2. Se mettre à la place du financeur pour lire votre dossier à travers une grille de critères
Le financeur a une grille de critères qui lui permet de choisir les projets qu’il souhaite soutenir. En relisant attentivement l’appel à projets ou l’appel à subvention, vous pouvez certainement dresser la liste des critères du financeur.
Etape 1 : imaginer la grille de critères que les financeurs ont dû remplir pour « arbitrer » sur les différentes demandes.
Pour faire cela, il faut bien lire l’appel à projets et de se renseigner sur la politique culturelle de l’organisme que vous sollicitez.
Si le subventionneur a indiqué comme critère de favoriser « la coopération et la mixité des acteurs » > il est probable qu’il attende que votre projet implique plusieurs partenaires (plus de 2).
Si le subventionneur souhaite que le projet ait un « rayonnement départemental » > il vérifiera probablement si votre projet se déroule dans plusieurs villes du département ou s’il attire des publics provenant de l’ensemble du département.
Si le subventionneur a des critères concernant « les publics prioritaires » > il s’attendra probablement à ce que vous touchiez un public jeune (dans le cas d’une Région, par exemple, un public lycée puisque la région gère les lycées) et que vous accordiez également un attention particulière aux personnes défavorisées, aux personnes âgées, aux personnes en situation de handicap ou aux personnes issues de minorités.
Etape 2 : Pour chaque critère, se demander si celui-ci a été :
- validé
- potentiellement validé
- probablement pas validé
- non validé
3. Appeler le financeur pour connaître les raisons pour lesquelles votre dossier n'a pas été retenu
Les deux premières étapes sont importantes mais elles sont influencées par votre propre perception de votre dossier ainsi que par votre compréhension des attentes du financeur.
En effet, votre dossier de subvention a certainement fait l’objet d’un processus d’évaluation et de délibération. Il est possible que les délibérations de la commission soient confidentielles, mais souvent, la personne chargée de l’instruction de votre dossier peut vous fournir des informations sur les raisons de son rejet.
Avant de retenter sa chance, il est fortement recommandé de contacter le financeur pour lui demander des éclaircissements.
Le plus important sera de prendre en compte les commentaires et les critiques constructives formulées lors de l’évaluation de votre demande de subvention.
Parfois, le financeur peut simplement mentionner « qu’il a reçu beaucoup de dossiers. »
C’est une information importante mais qui ne va pas vous aider à savoir si cela vaut la peine de réessayer. Vous pouvez donc lui poser des questions telles que :
« Quelles sont les différences entre les dossiers retenus et les dossiers non retenus ? »
« Quels ont été les critères de sélection pour les dossiers ayant obtenu une subvention parmi tous les autres ? »
L’objectif de cet entretien est vraiment de « comprendre pourquoi votre dossier n’a pas été retenu. »
Lors de mes propres entretiens téléphoniques avec des financeurs, j’ai souvent été surprise de découvrir que des éléments qui me semblaient insignifiants pouvaient rendre mon dossier inéligible. Heureusement, les retours obtenus lors de ces échanges m’ont permis de prendre en compte leurs commentaires et d’améliorer mon dossier lors de ma deuxième tentative.
En conclusion, ne pas s'acharner et ne pas renoncer
Vous l’avez compris, avant de retenter votre chance, il est essentiel d’analyser ce qui s’est passé en portant un regard critique sur votre dossier, en sollicitant l’avis d’un proche et en contactant le financeur.
Lors de cette dernière étape, il est possible que vous obteniez des éléments concrets à modifier dans votre dossier afin de retenter votre chance.
> Dans ce cas, ne renoncez pas, saisissez l’opportunité de faire les ajustements nécessaires !
Mais, à l’inverse, il est également possible que vous découvriez que votre projet ne correspond pas du tout aux attentes du financeur.
> Et, dans ce cas, je vous conseille de ne pas vous acharner et de ne pas insister dans une voie qui ne semble pas être compatible avec les critères du financeurs.
Ne pas renoncer ne signifie pas forcément persister dans une direction qui n’est pas fructueuse, mais plutôt être ouvert à d’autres possibilités et continuer à rechercher des financements qui correspondent à vos objectifs.
Photo : Andrea Piacquadio et Antoni Shkraba
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